dimanche 26 mai 2013

Analyse de l'acte III de la décentralisation pour Un Monde d'Avance 29


Réussir l'acte III de la décentralisation

« La République est forte par son Etat, mais aussi par ses territoires » a déclaré François Hollande le 3 mars 2012 à Dijon. L’engagement 54 de notre candidat devenu Président de la République porte cette conviction forte en la décentralisation par la mise en œuvre d’un nouvel acte décentralisateur. Notre camarade finistérienne Marylise LEBRANCHU, Ministre de la réforme de l’Etat, de la décentralisation et de la fonction publique, a été chargée d’élaborer ce nouveau mouvement de décentralisation et a présenté le 10 avril 2013 trois projets de loi constituant cet acte III.


Jamais une telle concertation avec les acteurs de la décentralisation n’avait été engagée par une ministre comme l’avais rappelé Claudy LEBRETON lors du dernier BREIS. Nous saluons la méthode du Gouvernement qui rompt avec les expériences de passage en force qui avaient caractérisé l’élaboration de la dernière réforme des collectivités territoriales.

Cette concertation a été exemplaire et nous regrettons les fuites, les retardements et les attaques auxquelles ces textes ont pu faire face. Il est important de travailler dès lors sur les trois projets de loi présentés pour préparer le long travail parlementaire et réussir un acte III ambitieux et résolument de gauche.

Trois projets de loi qui font avancer la décentralisation dans le bon sens

Les trois projets de loi présentés le 10 avril 2013 comportent des avancées sur plusieurs points :

 La mise en place d’un véritable dialogue Etat – collectivités territoriales par l’instauration du Haut Conseil des Territoires et des conférences territoriales de l’action publique : La fonction de concertation et de coordination régionale de ces dernières constitue également une avancée dans la mise en œuvre d’une action publique décentralisée efficace pour les Français. Le principe de libre coordination des interventions des collectivités et le retour de la clause de compétence générale des départements et des régions vient compléter intelligemment ces lieux de dialogue.

* Les nouvelles compétences transférées : Elles sont un premier pas pour clarifier le rôle de chacune des collectivités concernées. L’augmentation des compétences régionales et intercommunales constituent un progrès pour que ces collectivités prennent leur pleine part dans les grands chantiers que nous devons réaliser : le développement économique et l’égalité des territoires. Le nouveau périmètre des intercommunalités leur permettent de devenir la pierre angulaire de l’aménagement du territoire.

* Les articles relatifs aux améliorations de la démocratie locale : Le développement du droit de pétition, la plus grande transparence dans les comptes des collectivités locales et la mise en place des conseils de développement vont permettre de renforcer la qualité et l’efficacité de la démocratie locale.

Une véritable vision politique et ambitieuse de la décentralisation à intégrer lors des discussions parlementaires

Cependant, nous, militants d’Un Monde d’Avance Finistère, pensons que ces trois textes ne sont qu’une base de travail amendable pour un travail parlementaire accru qui ira plus loin dans cette logique décentralisatrice.

Il est nécessaire d’engager un mouvement plus important de décentralisation qui donne de véritables pouvoirs aux collectivités territoriales. Nous pensons que c’est en ayant des collectivités fortes et un Etat fort que nous tirerons tous les bénéfices de la dynamique européenne. Le but n’est pas de dépouiller l’Etat de ses compétences pour les transférer à des collectivités exsangues sur le plan financier. La décentralisation doit être le mouvement qui renforce l’action publique pour réduire les inégalités territoriales et favorise le développement de tous les territoires et non plus seulement dans des grands centres.

Nous croyons en ce mode d’organisation de l’action publique parce qu’il allie deux principes profondément socialistes. D’une part, l’impératif démocratique est au cœur de mouvement qui fait de choix de la décision au plus près des citoyens. D’autre part, nous sommes convaincus de l'efficacité de la gestion publique locale et de sa qualité comme le prouvaient déjà les expériences de socialisme municipal de la fin du XIXe siècle. Être socialiste c’est donc être décentralisateur.

L’acte III doit relever d’une orientation claire dans ce sens. Les premières phases de concertations sont passées et pour éviter leurs dérives, il est important de re-politiser ces textes qui peuvent sembler trop techniques. La nouvelle articulation en trois textes, anormalement annoncée et accouchée dans la douleur, reflète une évolution vers le sens de la cohérence. Nous devons cependant nous saisir du fond de cette réforme pour y introduire d’autres mesures pour que la réussite de cet acte soit totale.

Enfin cette vision politique doit être infiniment ancrée à gauche. Le chantier qui a été confié à Marylise LEBRANCHU en liant décentralisation, réforme de l’Etat et fonction publique est ambitieux mais il est compliqué d’y imposer une réalisation profondément socialiste. La modernisation de l’action publique (MAP) engagée par le Gouvernement ne doit pas simplement se résumer à une recherche d’économies budgétaires. Nous devons nous saisir de cet élan réformateur pour créer le service public du XXIe siècle : un service public de qualité, de proximité, vecteur d’égalité, de justice et de progrès.

Enrichir et compléter le travail sur l’acte III

Suivant ces principes, nous pensons que les propositions suivantes pourraient venir renforcer les trois projets de loi pendant les discussions parlementaires.

Les transferts prévus semblent équilibrés pour les régions et les intercommunalités. Il est cependant nécessaire de réfléchir à d’autres domaines décentralisables pour les départements et communes qui doivent également se voir renforcés dans leurs compétences pour équilibrer l’effort de décentralisation.

Nous partageons la volonté de Brest de devenir une métropole. Cela nous paraît indispensable. A la pointe de la coopération intercommunale via son pôle métropolitain, le Pays de Brest a su démontrer sa dimension métropolitaine. Il est donc important de permettre à Brest et aux autres métropoles d’équilibres françaises d’accéder au statut de métropole sans devoir répondre au seuil démographique de 400 000 habitants. 

Le développement de ces métropoles marque une évolution plus urbaine de la décentralisation qui est positive, mais l’équilibre territoriales nécessite de renforcer la coopération dans les espaces rurbains. Nous pensons que  les conseils de développement doivent être complétés en zone rurale et rurbaine de pôles d’aménagement et de développement rural qui remplaceraient les anciens pays en faisant symétrie aux pôles métropolitains.

Une véritable intégration des langues régionales dans le texte est nécessaire et doit être accompagnée d’une modification constitutionnelle pour ratifier la charte des langues régionales. La proposition de désigner les régions comme chefs de file des politiques en faveur des langues régionales nous semble être juste et proportionnée.

Enfin, nous pensons que l’acte III de la décentralisation ne doit pas s’arrêter à ces trois seuls textes. L’acte I de la décentralisation conduit par Gaston DEFFERRE et Pierre MAUROY a nécessité plus d’une trentaine de lois et plus de trois cent décrets pour arriver à maturité. Sans tomber dans l’inflation normative, il nous semble nécessaire d’étoffer l’acte III par tout d’abord une loi organique relative aux compétences expérimentales asymétriques des régions. Cette intuition de permettre aux régions d’exercer des compétences spécifique normalement dévolues à l’Etat par la voie contractuelle est un pas supplémentaire vers l’adaptation de l’action publique à chacune des situations particulières du territoire. Il n’est pas question de remettre en cause l’égalité républicaine, mais simplement de permettre à des régions de déroger de façon pérenne à leurs compétences traditionnelles pour l’intérêt général et le rééquilibrage territorial.
La seconde et dernière réforme doit être une réforme financière et fiscale relative aux collectivités territoriales comprenant à la fois une réforme de la péréquation et une nouvelle décentralisation fiscale pour donner aux collectivités une autonomie nécessaire à leur action.


Les militants d’Un Monde d’Avance Finistère



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