Quelques chiffres :
_ La France compte 367 pays au 1e
janvier 2012 et 25 contrats développement durables Rhône-Alpes (CDDRA,
assimilables aux pays).
_ 78% du territoire national est
couvert par les pays, ce qui représente 50% de la population métropolitaine.
_ Un pays regroupe en moyenne
78 300 habitants soit 81 communes (81,9% du total) et 6,8 EPCI (80,2% de
l’ensemble) et s’étend sur 1 262 km².
_ Le budget moyen des pays est de
600 000€ (34% en provenance des EPCI, 31% des régions et 20% des crédits
européens). Il se répartit entre l’ingénierie territoriale (70%) et des
investissements locaux (30%).
_ Un pays en moyenne a 5,7 EPT.
I Bases juridiques des pays
1°) Un concept juridique en
équilibre instable
Auparavant bien établis dans le
droit, les pays étaient régis par l’article 22 de la LOADT (non codifié). Il
était alors possible de créer des pays sur le périmètre d’un regroupement
d’EPCI à fiscalité propre. Ce périmètre devait recouvrir un territoire qui
présentait une cohésion géographique, économique, sociale, culturelle… Cet
article était précisé par le décret 2000-909 du 1er septembre 2000
(portant application de l’article) sur les modalités de création et de
fonctionnement des pays.
La loi de réforme des
collectivités territoriales du 16 décembre 2010 a supprimé les bases
législatives des pays par ses articles 51 et 52 en abrogeant toute référence
aux pays dans le droit. Cette abrogation formelle de l’art. 22 LOADT et
implicite du décret du 1er septembre 2000 induit l’impossibilité de
créer de nouveaux pays et fragilise ces structures.
2°) Des formes variées de Pays
Les pays n’ont pas de structure
commune. Ainsi, cette appellation recouvre 53% de syndicats mixtes (18% ouverts
et 35% fermés, réservés aux communes et EPCI), 30% d’associations loi 1901, 4%
de groupements d’intérêt public et 13% de structures diverses (EPCI,
fédérations d’EPCI…)
En quelque sorte, l’achèvement
urbain du pays s’est fait par les Pôles métropolitains. Créés par la loi du 16
décembre 2010, ces syndicats mixtes fermés concernent les zones de plus de
300 000 habitants regroupant au moins un EPCI de 150 000 habitants.
C’est un cadre souple qui permet une plus grande coopération plus intégrée sur
certains domaines. Le Pays de Brest est un des exemples des pays qui se sont
transformés en pôles métropolitains.
II Un cadre d’action publique
intéressant
1°) Penser local, agir local
Le concept de pays est issu de la
prise en compte des particularismes locaux dans le cadre de l’action publique.
La pertinence des périmètres est ainsi basée sur un bassin de vie. Le pays a un
rôle fédérateur et stratégique à long terme sur le développement territorial.
2°) Des outils participatifs
Définis par la loi Voynet,
les conseils de développement sont le complément participatif du conseil
d’administration des pays, composés essentiellement d’élus. Ces assemblées
issues de la société civile sont porteuses des nouvelles pratiques de la
gestion locale des pays. Les conseils de développement sont pensés comme des
lieux de débat pour optimiser la relation entre représentation politique et expression
participative. Leur composition varie d’un pays à l’autre (de 60 membres à plus
de 350 dans certains cas).
Ils ont pour mission d’élaborer,
de réaliser et d’évaluer la charte de pays.
La charte de pays est le document
de référence qui définit la stratégie territoriale du pays en matière de
développement socioéconomique, de gestion de l’espace et d’organisation des
services. Elle constitue des engagements réciproques entre les parties membres
du pays et ont un horizon minimal de 10 ans.
3°) Des actions efficaces
Le pays est une structure de
mutualisation territoriale. Ainsi, il est une structure support de l’action
territoriale en développant une ingénierie territoriale au service des communes
et EPCI membres. La moyenne de 5,7 EPT par pays est prévue pour répondre aux
demandes des communes en particulier sur des questions d’aménagement du
territoire.
Les différentes actions des pays
recouvrent un grand nombre de domaines qui varient d’un pays à un autre. Mais,
on peut retrouver des actions communes et plutôt harmonisées comme
l’élaboration de SCOT à l’échelle des pays et l’élaboration d’Agendas 21 de
pays.
Le pays est également une
structure de gestion de fonds régionaux et européens. Ainsi, les pays sont
chargés de la mise en œuvre du volet territorial des CPER dans le cadre des
contrats régionaux de pays. C’est le moyen majeur de mise en œuvre des chartes
de pays.
De plus, les pays sont également
gestionnaires des programmes européens LEADER de développement rural via les
groupements d’intérêt locaux (GAL).
III Propositions d’évolution
des pays
1°) Préalable : redonner
une base législative aux pays
Première nécessité si l’on
considère que les pays sont une circonscription d’action locale cohérente, il
faut abroger les articles 51 et 52 de la loi du 16 décembre 2010.
Cette abrogation remettrait en
vigueur l’article 22 de la LOADT
et son décret d’application. Mais cela ne suffit pas et il faut faire évoluer
les structures existantes et harmoniser certaines pratiques.
2°) Evoluer sur les structures
La diversité des pays amène à
penser qu’il faut réfléchir à une structure comme pour les pays. Pour reprendre
la proposition de l’APFP en l’amendant, il serait intéressant de créer par la
loi un syndicat mixte d’aménagement du territoire ou pôle de développement
rural, pendant rural des pôles métropolitains. Sur les mêmes bases juridiques
mais en enlevant toute référence de seuil, ce nouveau type d’association d’EPCI
permettrait d’être un moyen de coopération souple entre les EPCI ruraux.
De plus, il est nécessaire de
sécuriser la contractualisation territoriale en reprécisant ses modalités. Il
faudra également réfléchir à la facilitation des transformations juridiques des
pays en syndicats mixtes, en particulier en ce qui concerne les associations.
Enfin, il est intéressant de réfléchir à donner un rôle consultatif aux
conseils de développement sur le modèle des conseils économiques, sociaux et
écologiques régionaux (CESER).
3°) Harmoniser les pratiques
Enfin, des évolutions non
juridiques peuvent être poussées par la mutualisation des bonnes pratiques.
Ainsi, l’élaboration d’une charte nationale – incitative – des pays est une
option qui peut être envisagée pour harmoniser le contenu des chartes de pays
et la composition des conseils de développement.
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