dimanche 26 mai 2013

Pour une révolution fiscale locale


Conseil National du MJS du 18 juin 2011
Présenté par la Fédération du Finistère

            La révolution fiscale est une des priorités pour 2012 pour réinstaurer la justice sociale en matière d’impôts. Notre projet est déjà développé pour ce qui est de la fiscalité nationale. Cette fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG respecte plusieurs principes que nous devrons appliquer sur toutes nos autres politiques fiscales : la progressivité de l’impôt, la simplification du système fiscal et des assiettes larges d’imposition. L’objectif est ici d’étendre cette révolution fiscale à la fiscalité locale directe, impôts qui touchent encore plus directement tous les Français, en reprenant ces principes. Ces différents éléments devront être repris dans la nouvelle réforme territoriale que nous mènerons entre 2012 et 2017.
La fiscalité locale directe est actuellement un système obsolète, opaque et injuste. Les différentes bases de calcul des taxes d’habitation et foncières n’ont pas été révisées depuis 1970. La suppression de la taxe professionnelle a conduit à une diminution des ressources des collectivités territoriales de plus de 7 milliards d’euros et, par ce fait, leur autonomie fiscale et budgétaire s’en est vue menacée. Il est enfin nécessaire de mener une réflexion plus large sur les finances locales pour garantir les principes de décentralisation et d’action publique au plus près du citoyen.

Une refonte de la fiscalité locale directe

Revoir les valeurs locatives cadastrales
Bases d’une partie de la fiscalité locale, les valeurs locatives cadastrales (VLC) ne correspondent plus à la réalité. En effet, ces dernières sont réindexées chaque année sur des bases de calcul qui datent de 1960 pour le non-bâti et de 1970 pour le bâti. Les standards de vie ont considérablement changé depuis quarante à cinquante ans et des aberrations résultent de ce système. Ainsi, il est courant que, à taux d’imposition et surface égale, la taxe d’habitation d’un appartement bourgeois de centre-ville soit moitié moins élevée que celle d’un HLM en périphérie. Ces mêmes anomalies touchent également la taxe foncière qui est calculée sur les mêmes bases.
Il est donc urgent de réévaluer complètement en 2012 ces VLC au niveau national au moyen d’une concertation nationale tripartite (Etat, particuliers, professionnels) et d’inscrire dans le Code Général des Impôts l’obligation d’engager de telles révisions générales tous les cinq ans.

Une taxe d’habitation et une taxe foncière indexées sur le revenu du contribuable
            La faculté contributive de chacun n’est pas la même selon son revenu et la progressivité de l’impôt est la valeur première qui en fait un élément de justice sociale. Il faut donc prendre en compte, à hauteur de 50%, les revenus du contribuable dans le calcul de la base des taxes foncière et d’habitation. La seconde moitié restera calculée sur le même modèle qu’actuellement. Cette mesure permettra de diminuer la pression fiscale sur les foyers modestes et d’augmenter la faculté contributive des ménages aisés.

Rendre la Contribution Economique Territoriale (CET) fiscalement efficace
            La CET est l’impôt qui a remplacé en 2010 la taxe professionnelle. Même si l’imposition de la valeur ajoutée des entreprises est une avancée, cette réforme a durement pesé sur les finances locales en les amputant de 7 milliards d’euros. Son barème est également trop favorable aux grandes entreprises et a substantiellement augmenté la pression fiscale sur les TPE et les PME.
            Il faut donc ajuster les mécanismes de cet impôt pour dégager plus ressources pour les collectivités territoriales et le rendre plus juste et plus progressif. Il faut relever le plafond de la CET et revoir la progressivité de la part sur la valeur ajoutée (Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises, CVAE). Le plancher actuel de la CVAE est 152 500€ de chiffre d’affaire mais le taux d’imposition est nul jusqu’à 500 000€. Les taux sont ensuite progressifs jusqu’à 50 millions d’euros puis proportionnels à 3%. Il faut donc étendre la progressivité au-delà de 50 millions d’euros et fixer un plafond à 6% pour les entreprises qui ont un chiffre d’affaire d’un milliard d’euros. Il faudra garantir que cette progressivité ne pèse pas trop sur les entreprises de moins de 50 salariés.
            Il faudra également rajouter à ce calcul des critères sociaux et environnementaux qui incitent la conversion sociale et écologique de notre système économique. On pourrait, par exemple inclure les systèmes de bonus-malus induits par notre réforme des retraites dans le calcul de cet impôt. Des exonérations devront être effectives pour les entreprises du secteur de l’économie sociale et solidaire.

Une nouvelle réflexion sur les finances locales
            Réfléchir sur la fiscalité locale sans réfléchir sur les finances des collectivités territoriales n’a pas de sens. Il faut par la fiscalité locale réaffirmer le principe d’autonomie des collectivités territoriales et par là même le principe de décentralisation. Mais décentralisation ne doit pas signifier disparités et inégalités entre territoires. C’est pour cela que notre réforme territoriale devra particulièrement prendre en compte de nouveaux mécanismes de lissage des inégalités territoriales ; de nouveaux mécanismes de péréquation.

Une péréquation forte
            Redistribuer les produits fiscaux entre les collectivités est nécessaire. Dans un pays où le PIB par habitant du département le plus riche (Paris) est quatre fois et demi plus élevé que celui du département le plus pauvre (Creuse), il faut assurer une forte péréquation à la fois horizontale mais aussi verticale entre les collectivités. La règle de ne n’avoir aucune collectivité territoriale avec des ressources financières en dessous de 80% ou au-dessus de 120% de la moyenne par habitant de la même catégorie de collectivité doit être inscrite dans le code des collectivités territoriales.

Mieux répartir les ressources entre collectivités

            Il faut enfin revoir la répartition en matière fiscale entre les différentes collectivités territoriales. Le bloc communal est mieux doté en matière d’impôt que les régions. Il est impératif de lancer une réflexion, dans le cadre de la nouvelle réforme territoriale, sur les compétences de différentes collectivités territoriales et ainsi les doter d’une capacité fiscale à la hauteur de ces compétences.

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